Exposition — Saint-Paul de Vence

On the approach

Une interprétation de la collection

Du 06/04/2022 au 05/03/2023

avec

Josef Albers, Martin Barré, André Cadere, Dan Flavin, Ann Veronica Janssens, Imi Knœbel, Kenneth Noland, Claude Rutault, Keith Sonnier, Frank Stella, Anne Truitt and Heimo Zobernig

Commissaire

Grégory Lang

La Fondation CAB Saint-Paul-de-Vence présente une douzaine d’oeuvres de la collection sélectionnées par Grégory Lang.

Cette sélection réunit des œuvres minimalistes de la scène américaine (Dan Flavin, Kenneth Noland, Keith Sonnier, Frank Stella, Anne Truitt) et européenne (Josef Albers, Martin Barré, André Cadere, Ann Veronica Janssens, Imi Knœbel, Claude Rutault, Heimo Zobernig). La pertinence contemporaine de cet ensemble historique est soulignée par une œuvre récente de l’artiste Ann Veronica Janssens en écho à son exposition personnelle au sein même de la fondation.

Chacune de ces œuvres participe d’une composition spatiale à caractère musical. Ainsi, l’exposition se déploie tel un jeu de géométries distribuant des toiles et des lignes de différentes couleurs, mais du même timbre. Ces teintes complexes, issues de mélanges subtils, résonnent entre elles, créant un espace propice à la perception.

La Fondation CAB de Bruxelles présentera sous le même commissariat en septembre 2022, À l’affût, une exposition qui met en avant des démarches d’artistes contemporains explorant les variations de la couleur.

Information pratique
Vernissage le 6 avril, de 18h à 21h
Ouvert tous les jours de 10h à 18h

Josef Albers

Josef Albers (n. 1888, Bottrop, Allemagne – d. 1976, New Haven, États-Unis), étudiant de Jo- hannes Itten en 1920, puis enseignant à l’école du Bauhaus à Weimar, il devient professeur de design à Dessau avant de quitter l’Allemagne nazie pour les États-Unis, où il prendra la tête de l’école Black Mountain College avec sa femme Anni Albers. La série de peintures Homage to the Square (1950-1976) constitue une répétition systématique de trois ou quatre carrés colorés dont les superpositions et les combinaisons chromatiques à la fois subtiles et infinies offrent une impression de spatialité. Présentée ici avec un des rares cadres d’origine de l’artiste, cette œuvre épurée se concentre sur la géométrie et la couleur, théorisée dans son ouvrage Inter- action of Colour. Cette série combinatoire démultiplie les possibles interactions des teintes associées.

Ann Veronica Janssens

Ann Veronica Janssens (n. 1956, Folkestone, Royaume-Uni) est une artiste belge qui vit et travaille à Bruxelles. Depuis la fin des années 1980, elle développe une pratique artistique centrée sur la lumière, la couleur et les phénomènes optiques naturels. En constante expéri- mentation avec les propriétés spécifiques de matériaux soigneusement choisis, et souvent incorporels (verre, miroir, aluminium, brume artificielle), ainsi qu’avec les formes et la lumière, l’artiste perturbe notre perception du réel pour créer son langage propre fait de motifs min- imalistes et d’étonnantes couleurs. Ici, une longue barre rectangulaire en verre transparent de couleur bleue a été moulée puis polie sur trois de ses faces pour devenir brillante. La quatrième face a été poncée mate et sert de filtre. On remarque de petites nébuleuses de bulles d’air prises dans la matière. Celles-ci se sont formées au moment où, dans un effort d’ex- pansion, l’air a essayé de s’échapper lors de la longue phase de refroidissement du matériau

Imi Knoebel Mennigebild

Imi Knoebel (n. 1940, Dessau, Allemagne) est un artiste contemporain allemand qui a étudié auprès de Joseph Beuys à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf où il a partagé un atelier avec l’artiste Blinky Palermo. Il est une figure majeure de l’art abstrait minimaliste du 20ème siècle, reconnu pour ses sculptures et peintures aux surfaces plates faites de panneaux jux- taposés. Son travail explore la relation entre l’espace, le support de l’image et la couleur. Le style et les préoccupations formelles de sa peinture et de sa sculpture sont liés aux principes modernistes issus de Kazimir Malevitch et du Bauhaus. Ici, la peinture monochrome blanche, faite de polygones irréguliers, est le résultat épuré et strict d’une fusion de formes rectangu- laires. Knoebel utilisait les matériaux les plus basiques, parfois non peints, laissés à l’état brut, afin de poursuivre la notion de perception pure de l’art abstrait. Selon ces mots : « Je regarde une œuvre et ne peux qu’en saisir la beauté, et je ne veux pas la voir en relation avec autre chose. Seulement ce que je vois, simplement parce que cela a sa propre validité ».

Andre Caderé

André Cadere (n. 1934, Varsovie, Pologne – d. 1978, Paris, France) est un artiste conceptuel roumain arrivé à Paris en 1967, dont la démarche performative et revendicatrice se joue des codes du monde de l’art, dans le sillage de l’art minimal, de l’art conceptuel et du Land Art. Dans les années 1970, il arpentait les expositions avec un bâton « clandestin » qu’il disposait par hasard dans l’espace. Il s’agit le plus souvent d’un bâton composé d’anneaux cylindriques de bois peints multicolores sans face ni revers, comme une peinture sans fin déjouant la cod- ification de la peinture traditionnelle à deux dimensions. La disposition des anneaux suit un système mathématique de permutation de couleurs. Par son geste de déplacement et de placement dans les lieux de l’art, il révèle également les conditions culturelles nécessaires à la vision d’une œuvre. Étant à la fois une peinture, une sculpture et un mobile, l’œuvre perturbe les frontières établies, remettant en question l’identité de l’auteur et de l’œuvre, tout comme la pertinence de la signature et de « l’objet ».

Claude Rutault

Claude Rutault (n. 1941, Les Trois-Moutiers, France) est un artiste qui a repoussé les limites du minimalisme et du conceptualisme avec sa démarche radicale, dont le principe fondateur consiste en un ensemble d’instructions écrites, appelées Définitions / Méthodes, destinées au récepteur ou preneur de son œuvre (un collectionneur, un conservateur, une institution ou un musée). Définition / Méthode 188, Carrés réels / Carré virtuels, quatre toiles tendues sur châssis – quadrilatères non-orthogonaux – peintes de la même couleur que le mur sont accrochées à l’extérieur d’un quadrilatère virtuel non-orthogonal dont elles dessinent les lim- ites. Le quadrilatère virtuel est au maximum sur le mur tenant compte des quatre toiles de différentes dimensions qui le définissent. Il questionne ainsi la notion du choix ou du non- choix de la couleur et du monochrome dans son contexte spécifique. La couleur de l’œuvre est déléguée au commissaire d’exposition qui a choisi ici le pourpre pour cette nouvelle itéra- tion, une couleur volontairement riche en pigments avec une tonalité sourde, d’une qualité non-décorative.

Kenneth Noland

Kenneth Noland (n. 1924, Asheville, États-Unis – d. 2010 Port Clyde, États-Unis), peintre et sculpteur, il a étudié au côté de Josef Albers au Black Mountain College, une école de Caro- line du Nord où apparaissent les pratiques artistiques des avant-gardes des arts décoratifs et de l’art contemporain. Artiste majeur du mouvement Colour Field, créé à New York dans les années 1940 et 1950 en réaction à l’Action Painting, il élimine le geste personnel de l’artiste si cher aux expressionnistes abstraits. Il s’agit le plus souvent d’aplats de couleurs brutes et unies qui créent des plans ininterrompus. Dans les plans de couleur, « la couleur est libérée du contexte objectif et devient le sujet en lui-même ». Chez Noland, la superposition de ra- yures jaunes saturées sur ce beige aux tonalités chaudes peintes sans facture picturale est un choix qui définit d’abord la forme et la taille du tableau.

Frank Stella

Frank Stella (n. 1936, Malden, États-Unis) est un artiste majeur de l’avant-garde américaine qu’il amène vers le minimalisme, mouvement dont il est un des précurseurs. Il explore à travers ses œuvres et ses essais, la question de la surface peinte et de la « peinture-objet ». La série Polish Village est le fruit de ces expérimentations. Dans une logique cubiste et constructiv- iste, cette représentation abstraite est perçue comme une synthétisation des architectures des synagogues en bois du 17ème au 19ème siècles de l’Est de la Pologne, détruites durant la Seconde Guerre mondiale. Son interprétation est figurée par des volumes qui dépassent les limites esthétiques d’une toile simple pour une construction spatiale complexe faite de couleurs, vives ou sourdes, mélangeant la peinture sur bois, carton ou tissu coloré. Cette pra- tique de la sculpture en relief unidimensionnel le portera en 1972 vers la sculpture monumen- tale minimaliste.

Keith Sonnier

Keith Sonnier (n. 1941, Mamou, États-Unis – d. 2020, New-York, États-Unis) est un sculpteur post-minimaliste, un artiste de la performance, de la vidéo et de la lumière. Lié au mouvement Process Art, il fait partie de ceux qui redéfinissent les conceptions antérieures de la sculpture, aux côtés de Bruce Nauman ou Richard Serra. Sonnier a été l’un des premiers artistes à utiliser la lumière en sculpture dans les années 1960. Après avoir travaillé avec des lampes à incan- descence, il expérimente en 1968 la forme et les couleurs des néons, en combinaison avec des matériaux éphémères. Leur qualité linéaire lui permet de dessiner l’espace avec la lumière et la couleur, tandis que la diffusion de la lumière permet à son œuvre d’interagir sur différents plans architecturaux. Cette installation murale constituée de trois paires de néons rouges, jaunes et verts appartient à une série qui, selon ses propres mots : « ont été réalisées comme des œuvres ayant une apparence visuelle et physique. Lorsque vous passez devant ou autour des œuvres, elles modifient votre perception et colorent votre apparence ».

Dan Flavin

Dan Flavin (n. 1933, Jamaïque, États-Unis – d. 1996, Riverhead, États-Unis) développe son travail selon un vocabulaire simple et minimaliste de formes géométriques basé sur l’emploi de matériaux industriels usuels. Cette installation de tubes fluorescents issus du commerce est caractéristique de son œuvre. Les lumières, ici roses et vertes, qui émanent de ses tubes de néons superposés à l’horizontale, irradient et sculptent l’espace dans lequel l’œuvre est installée. Il crée ainsi des variations de perception et accentue les structures de l’architecture. Cette ouverture infinie des limites matérielles de l’objet constitue une nouvelle voie pour le champ de la sculpture dans les années 1960, alors en pleine mutation aux États-Unis. Ce geste radical, qui propose une nouvelle expérience esthétique, lance les bases du minimalisme.

Anne Truitt

Anne Truitt (n. 1921, Baltimore, États-Unis– d.2004, Washington, Etats-Unis) étudiante en psychologie et infirmière, auteure de poésies et de nouvelles, artiste peintre et sculptrice américaine, est une des artistes les plus importantes du minimalisme. Elle développe une gram- maire visuelle minimale et unique au contact de l’artiste Kenneth Noland. Connue également pour ses grandes sculptures en bois méticuleusement recouvertes de nombreuses couches de peintures, c’est dans les années 1960 qu’elle commence à expérimenter l’abstraction et l’esthétique formelle. Son travail est principalement axé sur la recherche des couleurs et du monochrome, en lien avec les œuvres d’Ad Reinhardt et Barnett Newman. Comme déclaré par l’artiste elle-même: « J’essaie de rehausser la couleur et de la libérer… j’essaie d’obtenir de la couleur en trois dimensions ». Elle travaille directement sur du bois ou de la toile et peint dans un processus de travail intensif, où de nombreuses couches de peinture, presque translucides, sont appliquées les unes sur les autres en alternant les coups de pinceau horizontaux et ver- ticaux. Ses couleurs unies et simples s’intensifient progressivement sous ses gestes comme un rituel.

Martin Barré

Martin Barré (n. 1924, Nantes, France – d. 1993, Paris, France) est un des peintres français des plus singuliers de l’abstraction européenne dans la période d’après-guerre. Après des études d’architecture et de peinture à l’École des Beaux-Arts de Nantes, il s’installe à Paris dans les années 1950. Ce tableau fait partie d’une série basée sur un protocole identique fait d’étapes précises, mais dont les résultats sont inachevables. Son souci de l’espace à l’intérieur même du tableau, inspiré par Malevitch, est visible par un premier quadrillage oblique qui se poursuit au-delà du champ pictural, ainsi qu’une seconde grille à l’intérieur même qui sont l’une et l’autre apparentes. Les cases très légèrement perceptibles qui composent les œuvres de cette série sont parfois hachurées, laissées en réserve, ou occupées par la couleur, comme ici, de façon infime et minimale. La visibilité de ces différentes étapes subtiles évoque une sédimentation temporelle.

Heimo Zobernig

Heimo Zobernig (n. 1958, Mauthen, Autriche) est un artiste contemporain, toujours très actif, réalise ses premiers travaux dans les années 1970. Ils sont faits de supports variables servant à exprimer matériellement les nombreuses théories qu’il exprime dans ses essais ou lors de ses cours à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne. Ce monochrome blanc est peint sur un assemblage de quatre tissus de couleurs différentes qui laissent transparaître la couleur à peine visible sous la couche picturale, mais dont les côtés affichent les couleurs vives, brouil- lants ainsi la lecture de l’œuvre et ses codes habituels. Il détourne dans sa peinture l’esthé- tique moderniste du monochrome ou encore de la grille, cherchant ainsi à ébranler le langage formel du constructivisme et de l’abstraction géométrique.

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