La Fondation CAB est heureuse de présenter Ron Gorchov & Otis Jones. Pour la première fois une exposition confronte le travail de ces deux artistes et met en valeur la relation forte qui existe entre leurs créations artistiques.
Dans les années 1960, lorsque le minimalisme battait son plein, Ron Gorchov et Otis Jones détournent la totale purification de l’objet pour investir la toile d’une nouvelle vitalité. Ils conçoivent des espaces expressifs dont les formes abstraites, tantôt géométriques tantôt biomorphiques, s’animent au rythme de palettes élémentaires dans des combinaisons qui ne cessent de surprendre. L’exposition retrace les parcours connexes de deux artistes ayant traversé le tournant du XXI siècle en mûrissant des pratiques qui frappent par leur constance et leur porosité.
Après s’être installé à New York dans les années 1950, Ron Gorchov (°1930-2020) commence à explorer la tension de l’angle convexe/concave pour donner forme à sa résistance contre « l’acceptation ad hoc du rectangle ». Il construit son premier châssis « en selle de cheval » en 1967, et présentera au cours de sa carrière d’innombrables variations de cette structure courbe délicatement inclinée vers le spectateur. Voulant « créer une nouvelle sorte d’espace visuel», la pratique de Gorchov empreinte autant au surréalisme de Joan Miró qu’au champ de couleur de Mark Rothko. Son travail inspirera une génération d’artistes qui cherchent à dynamiser le médium de la peinture et à imaginer de nouvelles manières d’investir l’espace pictural, comme Otis Jones (°1946), dont les toiles réductionnistes sont mises en dialogue avec les œuvres énigmatiques et viscérales de Gorchov. Qu’elles soient accrochées individuellement ou empilées pour former des colonnes ou des portails autonomes, les « selles » de Gorchov, tout comme les supports en bois qui sous-tendent les toiles de Jones, s’apparentent à des boucliers ou des totems qui existent au-delà de la surface plane du mur. Les iconiques structures empilées de Jones dérivent de formes trouvées sur des sites de construction, où il ramassait des débris de bois qu’il assemblait ensuite suivant un processus plus instinctif que calculé. Par la suite, il fabriquera des châssis aux bords arrondis et irréguliers pour y tendre des toiles ressemblant à des peaux de tambour qui empruntent autant aux techniques de certains masques africains qu’il collectionne qu’à la simplicité du Bauhaus qu’il affectionne.
S’opposant à une conception de la « perfection » dans l’art, Gorchov et Jones n’hésitent pas à rendre le processus de création visible et tangible dans des œuvres qui assimilent l’accident et le hasard. Les traces du faire se manifestent chez Gorchov dans les coulures de peinture et dans les bords où la toile nue et les agrafes frontales rencontrent le trait résolu du pinceau. À la recherche d’une « tension, d’une étrangeté qui se développe organiquement », Jones laisse transparaître l’épaisseur de la peinture en jouant sur l’accumulation et l’effacement des couches de couleur. Les formes sont réduites à l’essentiel et le tableau devient vestige. La colle figée le long des plaques de bois rappelle la position horizontale de la table de travail, et renvoie à une dimension tactile et artisanale exacerbée par la quantité excessive d’agrafes qui délimitent frénétiquement les contours des toiles. Cette mise en évidence de la fabrication d’une image alimente la physicalité qui émane du langage des deux artistes. « La peinture concerne la surface », rappelle Gorchov. C’est donc à partir de la toile que la couleur, les formes et les volumes s’entremêlent dans un ensemble à la fois harmonieux et dissonant.
En collaboration avec MARUANI MERCIER & SORRY WE’RE CLOSED
Informations pratiques
Fondation CAB
32-34 Rue Borrens
1050 Bruxelles
Belgique
info@fondationcab.be
+32 2 644 34 32
Exposition 15 janvier au 27 février Mercredi – samedi 12 – 18h