Edith Dekyndt
María Inés Rodríguez
Edith Dekyndt, Specific Subjects à la Fondation CAB Saint-Paul-de-Vence
Le projet d’Edith Dekyndt pour la Fondation CAB à Saint-Paul-de-Vence, Specific Subjects, tisse des liens entre les technologies nouvelles et évolutives, les savoirs ancestraux et les enjeux contemporains. Certaines œuvres défient la décomposition de la matière, permettant d’esquisser une atmosphère entre brutalité et fragilité, problématisant la présence de ces deux notions antagonistes dans un même lieu. L’exposition à Saint-Paul-de-Vence est à la fois un parcours dans l’univers artistique d’Edith Dekyndt, où le dialogue entre la nature et la culture s’entremêle avec le territoire, ainsi qu’une expérience qui transcende les espaces habituels de l’art. Elle nous invite, en tant que spectateurs à explorer de multiples niveaux de signification et à remettre en question notre compréhension de l’espace, de la mémoire et de la temporalité.
Dans le contexte actuel, marqué par des conflits et des transformations radicales de nos modes de vie et d’action, avec des répercussions économiques, matérielles, immatérielles et émotionnelles, l’artiste propose une série d’œuvres dans lesquelles la dynamique entre la nature et la culture, le rural et l’urbain, génère de nouveaux paradigmes auxquels il faut se confronter.
Le titre de l’exposition, Specific Subjects, est une référence au manifeste influent de Donald Judd, « Specific Objects »1, publié en 1964. Bien que sa pratique artistique, développée depuis les années 1990, se caractérise par un langage sobre et une matérialité intensément évocatrice, Dekyndt s’éloigne délibérément d’un minimalisme plus hermétique, elle interpelle et évoque des « sujets » plutôt que des « objets ».
En fusionnant des approches conceptuelles, scientifiques et expérimentales, l’artiste déconstruit les signes de son processus créatif. Elle archive, collecte et catalogue des images, des sons et des objets en utilisant une méthodologie rigoureuse, manifestant une réalité symptomatique à travers son travail.
Explorant les espaces de formation du savoir et les limites de son confinement, sa pratique adopte une perspective critique et spéculative, établissant les conditions nécessaires pour témoigner d’une réalité sociale et politique. Révélant une attirance pour l’insaisissable et l’intangible, son travail s’appuie sur les signes de l’impermanence, tout en évoquant l’empreinte laissée par l’histoire à la surface des choses, de l’architecture et des espaces publics. Cette démarche souligne l’urgence de questionner l’écriture et les récits historiques.
María Inés Rodríguez, Commissaire de l’exposition
1. Specific Objects, publié en 1965 in Arts Yearbook 8.