Exposition — Bruxelles

These Circumstances

Greet Billet, Katinka Bock, Manon de Boer, Willy De Sauter, Céline Mathieu, Guy Mees, Johanna von Monkiewitsch

Du 13/03/2024 au 29/06/2024

avec

Greet Billet, Katinka Bock, Manon De Boer, Willy De Sauter, Céline Mathieu, Guy Mees, Johanna Von Monkiewitsch

L’exposition de groupe « These circumstances »  à la fondation CAB rassemble les œuvres de Katinka Bock (n.1976, Allemagne, vit et travaille à Paris), Greet Billet (n.1973, Belgique, vit et travaille à Bruxelles), Manon de Boer (n.1966, Inde, vit et travaille à Bruxelles), Willy De Sauter (n.1938, Belgique, vit et travaille à Bruges), Céline Mathieu (n.1989, Belgique, vit et travaille à Berlin et à Anvers), Guy Mees (n.1935, d.2003, Belgique), and Johanna von Monkiewitsch (n.1979, Italie, vit et travaille à Cologne).

« Ce qui nous intéresse à travers les œuvres équilibrées et subtiles des sept artistes exposés, c’est de stimuler notre perception et de mettre en évidence une autre réalité, la limite de l’espace ou de ce qui s’y cache. Ici, nous nous appuyons sur des thèmes clés tels que l’absence et la présence simultanées, l’espace pictural illimité, la construction, la déconstruction, la lumière, le jeu, la mémoire et le temps. Cette exposition fait dialoguer plusieurs générations d’artistes qui explorent la relation entre l’image et la réalité. Celle-ci est ce qu’on en fait et ce que notre pensée nous laisse voir. Elle explore également l’impact de la lumière et de l’expérience esthétique sur notre perception visuelle. Les œuvres exposées soulignent le lien existant entre le spectateur, l’œuvre d’art et l’espace  environnant. »

Elles nous invitent à les regarder de plus près. À découvrir l’image fluidifiée de l’espace lorsque l’on se déplace autour des surfaces miroitantes des œuvres de Greet Billet. À remarquer qu’une tache de peinture bleue apparait comme un trou ou une lucarne dans l’œuvre murale aux néons de Johanna von Monkiewitsch. À observer que le champ négatif fait partie intégrante de l’image des œuvres de Guy Mees.  À percevoir les changements de couleur dans les travaux en bois peint à la craie de Willy De Sauter. A se laisser surprendre par les interventions ludiques transformées en film du fils de Manon de Boer dans leur maison. À comprendre les références historiques du site de la Fondation CAB à travers le petit-déjeuner du mineur de Céline Mathieu. Ou encore à révéler la pierre bleue belge de Katinka Bock adossée au mur, ainsi que la façon dont sa série de structures en acier fait de l’architecture de l’espace un élément constitutif de l’œuvre.

Conformément au programme de la Fondation CAB, le minimal se marie au conceptuel, bien au-delà de la géométrie, de l’ordre, de la simplicité et de l’harmonie. Le métal, l’électricité, les produits chimiques, mais également les nuances de couleurs d’une œuvre ou la façon dont des fragments de papier sont épinglés, témoignent tous d’une activité qui leur est propre.  Tout étant une ode à la sincérité et à la sobriété, les pratiques des artistes sont liées à l’espace dans lequel ils exposent. De nombreuses références physiques, sociales, historiques et artistiques semblent inspirer les œuvres, c’est comme si elles assimilaient leur environnement, leurs circonstances. Et chacune, à sa manière, absorbe la lumière et sublime la simplicité. Rien dans nos vies n’existe qui ne soit filtré par les fictions qui nous donnent à penser et nous créent.[1]

 

Ce texte d’exposition pourrait peut-être n’être qu’un poème :

Purple daily precious

Recipe-less rather

improvised

Ripe figs warming to the palm of a hand

The way they

cup, body-like

It’s snippets suspended

mid-air

It’s hollows and projections

Things that sound like tycoon

Elegant gestures held

plexi steel blue stone

A video of light

beam made projection now

The blue field later

appears a hole in the wall

 Texte de Céline Mathieu

 

[1]  The Contemporary Condition, I Cannot Sleep, Lionel Ruffel

Willy De Sauter

(né en 1938 en Belgique, vit et travaille à Tielt) travaille la sculpture, le dessin et la peinture pour explorer la ligne, la forme et la couleur. Sa pratique artistique, en relation constante avec l’architecture, est une invitation à observer de près. Il réduit la peinture à son essence en l’appliquant de manière monochromatique sur une surface plane. Ses panneaux en bois posés à même le sol, dont les couleurs uniques résultent d’un mélange intuitif, de craie et de pigment, fonctionnent comme un miroir négatif du monde, créant ainsi deux rectangles éthérés. Ses œuvres sur papier, partiellement recouvertes de couleur pastel, sont intercalées entre les colonnes de béton brut de l’espace de la Fondation CAB. Une ligne nette relie les deux champs de couleur, divisant la page en deux. Le papier est fixé au mur uniquement par le haut, ce qui lui permet de s’enrouler légèrement vers l’extérieur, créant ainsi une tension entre ces différentes surfaces. De Sauter poursuit cette série en utilisant des plaques de laiton et de cuivre partiellement laquées et poncées afin d’étudier leurs propriétés réfléchissantes. Par sa recherche esthétique, il équilibre simplicité formelle et profondeur théorique. Son approche minimaliste permet à la matière, à la lumière, au silence et à la couleur d’interagir et de se révéler continuellement.

Greet Billet

(n.1973, Louvain, Belgique, vit et travaille à Bruxelles) nous propose d’expérimenter comment nous percevons la lumière, l’espace et les couleurs. Son œuvre miroir, exposée dans la cour, nous questionne sur notre perception et multiplie les points de vue. Il est plus difficile de voir le miroir plutôt que le reflet toujours changeant de la lumière qui s’y reflète. L’œuvre RGB est composée de grandes plaques lourdes de plexiglas rouge, vert et bleu non traitées, superposées qui se courbent et déforment ainsi le reflet du spectateur. Billet analyse la corrélation entre la réalité numérique objective et mesurable des monochromes et leur perception et appréciation subjective. Son travail est une réflexion sur l’impossibilité́d’objectiver les processus de perception sensorielle.

Katinka Bock

Katinka Bock (née en 1976 en Allemagne, vit et travaille à Paris) réalise des sculptures, des performances et des installations qui découlent le plus souvent d’investigations in situ. En examinant les conditions physiques et matérielles d’un lieu donné, elle explore sa charge historique, sociale et politique. Les matériaux qu’elle utilise sont choisis pour leurs propriétés physiques : argile, sable, pierre, craie, bois, métal, eau et air. Son installation Palermo (qui s’inspire d’un balcon déconstruit de la ville de Palerme) a été réalisée en 2016 et est ici montrée dans un nouveau contexte, celui de la Fondation CAB. Cette œuvre, faite de pierre bleue et de métal, reflète la pratique de Katinka Bock qui s’appuie sur des références concrètes, dans sa relation aux matériaux, aux gestes, aux formes, à l’espace, au temps, tout en ouvrant vers quelque chose de moins saisissable, qui relève de l’absence et de l’immatériel.

Manon De Boer

Le travail de l’artiste néerlandaise Manon de Boer (née en 1966 à Kodaikanal, Inde, vit et travaille à Bruxelles) oscille entre distance et intimité. Ses vidéos évoquent l’expérience du temps et ce que nous en faisons. The Untroubled Mind, 2016, s’intéresse à l’ennui et aux loisirs. Dans ce film muet, elle a capturé, sur une période de trois ans, les interventions inattendues de son fils au fur et à mesure qu’elle les découvrait dans sa maison. Des objets attachés, empilés, réutilisés, reliés entre eux, étalés, souvent quelque peu cachés, ont été capturés par une caméra Bolex 16 mm amateur qui définit des plans de 20 secondes, soit la durée la plus longue qu’il est possible de filmer en remontant la caméra manuellement. Un film de sculptures, traces du temps passé à jouer.

Céline Mathieu

Le travail de Céline Mathieu (Belgique 1989, vit et travaille à Berlin et Bruxelles) est à la fois sensoriel et conceptuel. Sa pratique est influencée par le site et le contexte dans lesquels elle est invitée à exposer incorporant des composants textuels pour activer l’expérience globale. A travers son installation in situ, elle se penche sur l’histoire du bâtiment de la Fondation CAB, qui fut d’abord un entrepôt de charbon, puis un lieu de répétition de danse avant de devenir l’espace d’exposition qu’il est aujourd’hui. Le petit-déjeuner d’un mineur consistait en un œuf cru cassé dans une bière, accompagné d’un verre de whisky. La fausse nourriture a été fabriquée en échangeant les talents de sculpteur d’autres artistes contre les talents d’écrivain de Céline. Des images trouvées d’un examen de ballet montrent des ballerines se pressant pour prendre des poses, avant de livrer une performance synchronisée. Une pancarte en plexiglas peinte à la main reprend une citation trouvée, sur des fruits qui ne peuvent pas être mangés. La porte du storage de l’espace d’exposition est laissée ouverte, comme une partie (sculpturale) de l’installation.

Guy Mees

(né en 1935 à Malines – décédé en 2003 à Anvers) est une figure majeure de l’avant-garde belge. Son œuvre combine des éléments de peinture, de sculpture, de photographie, d’œuvres sur papier et de performance. Son art, avec son langage visuel efficace et expérimental, met l’accent sur l’importance de la couleur, de la texture et de l’expérience spatiale. Entre 1960 et 1967, Mees a produit un ensemble d’œuvres réalisées avec de la dentelle fabriquée industriellement et des néons, dans diverses compositions plates et tridimensionnelles, intitulé Lost space (Espace perdu). En 1983, il a réutilisé le titre Lost Space dans ses variations in situ faites de papier de soie coloré, de feuilles de métal ou de bandes de papier fragile épinglées directement au mur. Certains de ces espaces picturaux déconstruits ressemblent à des peintures en deux dimensions, tandis que d’autres bribes semblent flotter librement sur le mur. Pour compléter l’ensemble, quatre éléments en aluminium poli sont adossés à un mur et forment un motif symétrique et répétitif.

Johanna Von Monkiewitsch

(née en 1979 en Italie, vit et travaille à Cologne) se penche sur la nature fondamentale de la lumière elle-même. S’infiltrant dans l’espace, elle utilise différents médias, abordant l’essence même de la lumière comme un moyen de créer des images. Son travail est imprégné de légèreté dans tous les sens du terme : mousse en apesanteur, faisceaux de lumière et sensibilité. Dans son œuvre Orosei I, 2022, le faisceau est interrompu lorsqu’il est capturé par un bloc de mousse avant d’atteindre le mur. À l’entrée, Blue/7, 2023, des néons illuminent le visage du spectateur, ils sont alignés sur un fond bleu suggérant un coin de ciel ou une lucarne dans le mur. Tout en reliant les différentes sphères de l’espace aux visiteurs, Monkiewitsch encourage non seulement une réflexion sur la nature des médias, mais entreprend également un examen méticuleux du fossé perpétuel entre l’imagerie et la réalité.

Our last news