Exposition — Bruxelles

TRANSHUMANCE

BEYOND CUBAN HORIZONS

Du 19/04/2016 au 25/06/2016

avec

Alejandro Campins, Roberto Diago, Diana Fonseca, Carlos Garaicoa, Diango Harnàndez, Inti Hernandez, Reynier Leyva Novo, Yornel Martinez, Ana Mendieta, Wifredo Prieto, José Yaque.

Commissaire

Sara Alonso Gómez

L’idée d’un foyer fixe, comme lieu physique qui serait le reflet de notre identité, évolue.  Aujourd’hui, l’habitat dépasse ses formes physiques et psychiques stables et en vient à prendre symboliquement la figure de la transhumance. Cependant, l’idée d’un habitat migrant garde quelque chose de profondément paradoxal et cette exposition s’attache à en explorer les conséquences. Cuba est le point d’intersection des onze artistes invités, certains y vivent, d’autres en sont originaires. Chacun à leur manière, ils révèlent les particularités de l’histoire de la société et de la culture cubaine.

En élargissant leurs pratiques multidisciplinaires à la recherche de la déconstruction du lieu, Yornel Martínez et Wilfredo Prieto tendent parfois à la négation totale de celui-ci. Martínez, réduit en boule une carte du monde et, par ce simple geste, défait la distribution géopolitique actuelle. Prieto provoque une fuite d’eau dans l’espace du CAB, et opère par là une réflexion sur la porosité d’un système qui peut en permanence être remis en question. Le titre de l’œuvre, Lágrimas de cocodrilo, évoque une certaine ironie par rapport au fait dénoncé.

Roberto Diago et Ana Mendieta analysent le lien entre la création artistique, le corps et l’habitat. Dans les sculptures de Diago, les soudures des tôles de toits de maisons renvoient métaphoriquement à des cicatrices. Au travers de sa série Silueta, Mendieta propose un chiasme engagé entre le paysage et son propre corps féminin, annulant ainsi les frontières entre body art et land art.

D’autres artistes, présents dans l’exposition, bouleversent l’espace de vie ou de transit en laboratoire. Ils réinterprètent la réalité, comme Carlos Garaicoa, avec ses photos aux supports et médiums différents ; ou comme Diana Fonseca, avec ses peintures composées de fragments de matières récupérées sur les murs de maisons désaffectées de la Havane, ou encore comme Alejandro Campins, qui s’inspire des paysages en mutation et abandonnés, à Cuba ou ailleurs.

 « Transhumance » comprend également des œuvres créées spécialement pour l’exposition. Inti Hernandez reproduit à l’identique le sol de sa maison natale ; il invoque ainsi physiquement sa sphère intime, tout en révélant la sophistication des motifs cubains. De son côté, José Yaque investira le CAB, en s’appropriant des objets trouvé à Bruxelles, pour les assembler chaotiquement sous la forme d’une tornade.

Enfin, Diango Hernández et Reyner Leyva Novo, en se basant sur des systèmes de codification du discours politique, créent des espaces autres où le référent devient illisible. Hernández, opère une association troublante entre les répliques des fenêtres de sa résidence à Düsseldorf et un discours hyper-codifié de Fidel Castro ; Novo, quant à lui, s’attache à observer les lois qui règlent la vie cubaine depuis 1959, qu’il retranscrit sous forme d’énigmatiques monochromes noirs.

Les artistes participants à « Transhumance »se rejoignent dans leur démarche artistique hybride. En synthétisant leurs pratiques d’écriture, d’enseignement, de leadership communautaire, et de recherche multidisciplinaire, ils repoussent les limites de la production artistique classiquement cantonnée aux studios. Apparaît alors, une démarche typique et propre à Cuba ; une attitude sincère et profondément ancrée à l’intersection de l’art et de la vie.

Dans un monde confronté plus que jamais à une mobilité effrénée mais également, trop souvent encore, à l’exile forcé, Bruxelles, ville centrale du vieux continent, profondément européenne, fluide et solide, espace dont l’identité communautaire est en perpétuelle mutation, constitue le contexte idéal pour présenter ce portrait hors du commun de Cuba et de ses artistes.

 « Transhumance » a été conçue par la curatrice Sara Alonso Gómez, qui interroge les différentes plateformes de dialogue dans la création artistique contemporaine entre l’Amérique latine et l’Europe, en collaboration avec Éléonore de Sadeleer, directrice du CAB.

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