Claude Rutault
Pour sa rentrée de septembre, la Fondation CAB est heureuse d’accueillir l’artiste français Claude Rutault (né en 1941, Trois Moutiers). Se définissant comme un peintre, Rutault ne peint pourtant pas ses oeuvres lui-même et ne participe pas non plus à la supervision de leur production.
Depuis les années 1970, l’artiste a élargi les limites du minimalisme et du conceptualisme grâce à son approche radicale, le principe fondateur de sa pratique consistant en un ensemble d’instructions écrites appelées « définitions/méthodes » destinées au récepteur ou « preneur en charge » de son oeuvre (un collectionneur, un conservateur, une institution ou un musée).
Ces règles et procédures peuvent inclure aussi bien la couleur, le format et le matériel à utiliser, que la façon dont l’oeuvre doit être vendue ou mise aux enchères. La première de ces « définitions/méthodes » créée en 1973, sera à l’origine des centaines d’oeuvres uniques qui suivront : « Une toile tendue sur châssis peinte de la même couleur que le mur sur lequel elle est accrochée. » – Définition/méthode no 1. « Toile à l’unité » 1973.
A l’origine de ce processus, une anecdote: en 1973, Rutault emménage dans une nouvelle maison et décide de repeindre sa cuisine. S’apercevant que deux petites toiles de 20×20 cm y sont encore accrochées, il repeint l’une d’elles dans la foulée. Pour la réaccrocher ensuite. Depuis lors, son travail creuse les conséquences de ce geste spontané.
Sur base de ce principe, au caractère absolu, Rutault ouvre un large panel de réflexion sur l’art: sa conception, son processus de création, son exécution, sa destination et sa conservation. Même si la pratique de la « définition/méthode » semble objective et méthodique, elle suscite une interaction entre toutes les parties concernées et soulève des questions de confiance, de participation et de responsabilité. Cependant, en suivant certaines règles précises, le preneur en charge peut également changer la couleur de son tableau, changer la couleur du mur ou déplacer l’oeuvre de mur. Des versions inattendues d’oeuvres en découlent, et ces aléas doivent être communiqués à l’artiste – qui doit donc vivre indépendamment de ses tableaux pour que ces derniers puissent changer avec le temps et poursuivent leur propre vie.
L’exposition à la Fondation CAB, Monochrome 5 sur une grille de Marelle, réunit des oeuvres qui illustrent certaines des étapes les plus radicales entreprises par l’artiste tout au long de sa carrière.
L’oeuvre Marionnettes, consiste en un minimum de 5 toiles, peintes de couleurs différentes, suspendues au plafond par de discrets fils de pêche. Les toiles ont toutes un point de contact avec le sol, elles sont plus ou moins verticales ou horizontales, mais aucune n’est posée à plat sur le sol. Cette liberté nouvelle dans le mode d’accrochage rejoint l’idée même des d/m qui sont d’élargir le spectre des existences possibles de la toile.
Comme l’indique le titre, plusieurs oeuvres présentent dans l’exposition s’inspirent des marelles (sujet sur lequel Rutault travaille depuis 1971). D/m Marelles, se présente sous forme de 10 toiles monochromes isolées de 2 couleurs différentes posées à même le sol et complétées par des adhésifs dessinant des marelles. Ses jeux d’enfants qui suivent des règles simples, font écho au ludisme mais également aux méthodes, règles et routines présentes dans le travail de Rutault.
Ses différentes oeuvres exposées seront donc uniques en suivant les définitions/ méthodes indiquées par l’artiste tout en s’adaptant aux choix du « preneur en charge » ici représenté par l’équipe de Fondation CAB. Grâce au concept incomparable de Claude Rutault et à sa relation essentielle de confiance avec la Fondation CAB, cette collaboration ajoute une nouvelle dimension à la mission de la Fondation, notamment en permettant à l’artiste d’affirmer l’évolution et la survie de son oeuvre.
Informations pratiques:
Vernissage: Mardi 3 septembre, 18h à 21h
Exposition du 4 septembre au 14 décembre 2019
Heures d’ouverture: du mercredi au dimanche de 12h à 18h